Avec les enceintes connectées et le Voice Shopping, c'est la promesse d'un nouveau canal d'achat qui s'offre aux entreprises et aux consommateurs. Dans les faits, toutefois, le commerce vocal semble encore loin de prendre son envol…
Le terme de « Voice Shopping » désigne le fait de réaliser ses achats en ligne au son de sa voix par le biais d'une enceinte connectée ou d'un autre objet connecté IoT intégrant un assistant vocal. Il s'agit donc d'une nouvelle façon de faire ses emplettes.
Les enceintes connectées type Amazon Echo ou Google Home rencontrent un succès phénoménal, et il semblerait donc logique de voir le Voice Shopping gagner en popularité. Selon Consumer Intelligence Research Partners (CIRP), le nombre d'appareils connectés embarquant l'assistant Amazon Alexa déjà installés est de 76 millions.
Les données internes d'Amazon relèvent plutôt 50 millions d'appareils en circulation, mais d'autres études voient leurs estimations à la hausse et rapportent jusqu'à 100 millions de produits déjà adoptés. Quoi qu'il en soit, la question qui se pose est de savoir combien d'utilisateurs se servent de ces appareils pour le Voice Shopping.
Si l'on se fie à l'étude « The Reality Behind Voice Shooping Hype » publiée par The Information, cette pratique n'est en réalité pas encore très répandue. Ainsi, en 2018, seuls 2% des utilisateurs d'appareils sous Amazon Alexa auraient effectué un achat vocal. De plus, les quelques-uns qui ont essayé ne réitèrent généralement pas.
Cette étude, basée sur des données internes, contredit radicalement les estimations des analystes de tous bords. Par exemple, dans son rapport US Smart Speaker Consumer Adoption Report 2018, Voicebot affirmait que 15% des utilisateurs d'enceintes connectées déclaraient effectuer des achats vocaux au moins une fois par mois. Au total, 3,9% des possesseurs américains d'enceintes connectées auraient affirmé effectuer des achats vocaux tous les jours à la fin de 2018.
Face à ces chiffres contradictoires, il est difficile d'estimer avec précision la somme générée par les achats vocaux effectués via Alexa. En fonction des sources, cette somme pourrait aller de seulement 50 millions de dollars à 12 milliards de dollars en 2018.
Voice Shopping : un nouveau canal d'achat qui peine à séduire le consommateur
Cependant, les entreprises mercantiles ne sont pas les seules à profiter de ce nouveau canal d'achat. Selon l'article « Alexa Voice-Enabled Fundraising is Now Available For Political Donations » , les enceintes connectées sont désormais utilisées pour effectuer des dons.
De même, sur le blog officiel d'Amazon, un billet révèle que les candidats aux élections présidentielles américaines de 2020 peuvent utiliser Alexa pour recevoir des dons. Les utilisateurs américains n'auront qu'à dire « Alexa, donne à (tel candidat) » pour contribuer au financement des campagnes électorales à hauteur de 200 dollars au maximum.
Toujours selon ce billet publié par Amazon, un sondage « State of the Campaign » récemment mené par Campaigns & Elections révèle que 40% des professionnels politiques estiment que les recherches vocales seront très importantes ou importantes pour le futur des campagnes électorales. Outre la possibilité de recevoir des dons, les candidats aux élections pourront utiliser les enceintes connectées pour diffuser des informations…
Il est donc certain que les enceintes connectées occupent un rôle de plus en plus important dans la société américaine, en s'immisçant aussi bien dans le secteur du commerce que dans la sphère politique. Reste à savoir si les problématiques de sécurité et de confidentialité liées à l'usage de ces appareils seront traitées correctement par les constructeurs…
En France, en revanche, le Voice Shopping n'est pas encore dans les moeurs. Malgré un partenariat annoncé en juin 2018 par Google et Carrefour pour permettre aux utilisateurs d'effectuer leurs courses via le Google Assistant, cette pratique reste encore confidentielle dans l'hexagone.
En décembre 2018, lors d'une conférence sur le sujet, le Directeur de l'accélérateur Lafayette Plug and Play, Pieter Lammens, n'a laissé aucune place à l'ambigüité. Selon lui, « en France, le nombre d'achats fait sur les smart speaker, c'est zéro ». Cette pratique pourrait toutefois se démocratiser avec l'adoption des enceintes connectées, arrivées dans nos contrées bien après les Etats-Unis…
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