La robotisation est en marche. Les usines et les centres d’appel utilisent de plus en plus des machines pour remplacer les métiers dits “à faible valeur ajoutée”.
Selon le cabinet Boston Consulting Group, cette pratique croissante entraînerait une aggravation des inégalités sociales et du chômage de masse, tandis que le marché de la robotique représentera 87 milliards de dollars d’ici 2025.
Son étude estime que la robotisation affectera un grand nombre d’emplois. Conséquence, les personnes les plus aisées pourront se réorienter et accéder à de nouveaux champs d’application de leurs compétences. En revanche, les travailleurs pauvres n’auront pas cette opportunité aux États-Unis. Le cabinet explique que c’est déjà le cas au Royaume-Uni, concernant certains métiers comme de la pêche, de l’excavation minière ou de la fabrication de métaux.
Une augmentation des disparités entres les riches et les pauvres
D’autres métiers sont directement menacés par la robotisation selon le cabinet. Les comptables ainsi que les assistants juridiques pourraient se faire remplacer par des assistants robotiques. Dans un même temps, il sera plus difficile pour les jeunes employés et ceux qui n’ont pas les moyens ou la possibilité d’accéder à l’université de gravir les échelons, car leurs emplois sont les plus menacés.
Les mieux formés à la notion de “soft skills”, comme la communication, l’écoute, la confiance ou l’adaptation pourront mieux s’en sortir sur le marché du travail considérablement modifié par la robotisation.
Seulement, les analystes de Boston Consulting Group affirment que ces derniers passent généralement par des écoles privées, établissements où l’accès est majoritairement conditionné par la taille du portefeuille.
Les analystes alarmistes à propos de la robotisation se multiplient. En mars dernier, une étude émanant du prestigieux MIT tendait à démontrer que chaque robot introduit sur le marché du travail détruirait 6 emplois.
La classe moyenne particulièrement touchée
De son côté, Michael Hick, le directeur du Center For Business and Economic Research prétend que la moitié des emplois à faible valeur ajoutée vont disparaitre dans les prochaines années.
L’Université de l’État de Ball, dans l’Indiana, aux États-Unis,avec l’aide CBER a réalisé une étude sur la robotisation. Là encore, l’accroissement de la fracture sociale est une forte possibilité, même pour des salariés payés 40 000 dollars par an qui seraient les plus touchés par l’avènement de la robotique et de l’intelligence artificielle.
La robotisation, entre méfiance et bénéfices économiques
Alors que lui-même a équipé ses usines de bras robotiques, l’inventeur milliardaire Elon Musk se méfie également de l’IA et de la robotisation : “la robotique va conduire à des disruptions dans beaucoup de métiers parce que les robots seront capables de faire mieux tout mieux que nous”. Il prône une législation proactive en prévention de scénario à la Terminator.
En plus de voler nos emplois, les robots nous tueraient ? Ce n’est pas l’avis de Bruno Bonnell, président du fonds robolution capital qui pense le robot comme un enjeu de compétitivité dans des pays comme la France où le retard de l’industrie se fait ressentir dans l’économie.
Le gain de productivité rendu possible par des machines évoluées est trop important pour ne pas se lancer dans une “robolution” selon lui. Ces machines remplacent pour le moment des métiers en voie de disparition ou peu attractifs pour les nouvelles générations.
Faut-il repenser nos sociétés ?
D’autres prônent une zone “grise” ou le bon usage de la robotisation, un équilibre à trouver. Ces deux derniers ne nient pas la transformation de l’emploi et veulent encourager la formation des employés menacés et des étudiants à cette nouvelle réalité entraînés également par l’IoT. Mais cela réclame de revoir le système d’attribution des formations post bac, d’orienter les enseignements en conséquence, tout du moins en France. Aux États-Unis, l’accès aux universités se doit d’être favorisé par les frais de scolarité.
Les problèmes sont différents selon les pays, mais les transformations induites par le phénomène de la robotisation demanderaient de repenser nos sociétés. Tout l’enjeu est là.