C’est sous le Haut Patronage de SAS Le Prince Albert II de Monaco, que le e-Health World a clôturé ses portes le 2 juin dans la principauté.
Pour cette troisième édition, le congrès monégasque de la santé connectée est largement monté en gamme en ce qui concerne entre autres, la qualité de son cycle de conférences et la présence accrue de startups, puisqu’il y avait près d’une quarantaine de jeunes entrepreneurs.
Enfin, le concours de startups a su révéler des talents plus que prometteurs et parmi la vingtaine de participants, 10 seulement ont été qualifiés pour les awards EHM2017 et un seul gagnant a été récompensé.
Lors de cette troisième édition, des thèmes aussi variés que l’impression 3D la digitalisation de l’officine, la robotisation, la beauté connectée ont été abordées.
Concernant l’impression 3D, le phénomène de la Bio impression a été largement apprécié, la rédaction a d’ailleurs publié un article sur ce sujet, que nous vous invitons à découvrir.
Une association Enable s’est fait remarquer parmi l’ensemble des auditeurs et orateurs. Cette dernière propose grâce à l’impression 3D de créer des mains et bras artificiels abordables pour des enfants privés de doigts.
Les robots en médecine font toujours rêver !
Quand la fiction devient réalité avec l’Exosquelette de la société Wandercraft, cela débouche une armure adaptée au corps humain. Les hommes n’auront plus rien à envier à Iron Man ! L’exosquelette permet en effet de reproduire des mouvements et de redonner leur autonomie à des personnes handicapées. Grâce à leurs armures sur-mesure, elles pourront alors reproduire une marche la plus proche possible de la marche humaine. Reste à savoir quand un tel dispositif atteindra le marché. Si la promesse de l’Exosquelette est certaine, la temporalité quant à son application définitive semble plus lointaine.
Parmi les solutions robotiques présentées lors du e-Health World, le Rosat@ a retenu l’attention. Ce dernier est un dispositif sécurisé composé d’un bras robotisé qui reproduit les mouvements d’un bras humain. C’est un peu comme un GPS qui guide la main du chirurgien. C’est un outil intelligent lié à un ordinateur réduisant l’aléa chirurgical. Cela permet en autre de bénéficier d’un plus haut niveau de soin, enfin c’est une chirurgie mini invasive.
On a constaté que les robots vont devenir de plus en plus autonomes grâce à l’intelligence artificielle et permettent aux chirurgiens une précision optimum. L’utilisation de ceux-ci aura également l’avantage pour les établissements hospitaliers, une meilleure gestion des blocs opératoires et des hommes, donc apporter une meilleure maîtrise des coûts.
A ce jour, nombreux sont les chirurgiens rêvant de ces nouvelles technologies, néanmoins les rêves ne vont pas devenir réalité du jour au lendemain. En effet, il y a un frein majeur à l’utilisation des robots dans les blocs : les coûts associés à ces technologies.
Les hôpitaux sont très réceptifs à la rentabilité et l’acquisition de tels équipements s’avère lourde de conséquences pour eux. Lors de e-Health Word Monaco 2017, d’autres robots ont été présentés comme les robots accompagnants, tels le Pepper ou le Kompai, malheureusement absent du rendez-vous.
On peut les associer à de la robotique humanoïde. Ils sont utilisés comme un média de collaboration entre un patient et le personnel de soin. Ce qui permet un gain de temps phénoménal pour les équipes, mais surtout, ils assistent les personnes âgées ou dépendantes dans leur quotidien.
Le Kompai peut par exemple :
– Interagir avec son entourage et rappeler par exemple les rendez-vous importants ou bien de prendre ses médicaments,
– détecter les problèmes de santé,
– alerter une plateforme d’assistance en cas d’anomalie ou d’accident,
– permettre de communiquer avec ses proches, de visionner des vidéos et des photos,
– aide au lever et aux déplacements.
Quant au robot Pepper, présent au congrès, il est capable de reconnaître les émotions du patient et de s’adapter à son comportement grâce à une caméra 3D et 2 caméras HD qui identifient les mouvements. Ce petit humanoïde devient un véritable accompagnant et compagnon de route.
A e-Health World Monaco, la santé connectée s’adresse à tous
L’international n’a pas été oublié au e-Health World Monaco et la E-santé en Afrique a été aussi abordée. Ce continent ne doit pas être délaissé par le phénomène planétaire de la santé connectée, de plus les horizons économiques y sont prometteurs.
Parmi les orateurs ont noter une initiative particulièrement intéressante de ZeroMotherDies visant à sauver les cellules de femmes enceintes et leurs nouveaux nés en utilisant les technologies mobiles pour accroître l’accès à l’information sur la grossesse et aux soins d’urgence. L’application proposée fournit des informations essentielles sur la santé maternelle, néonatale et infantile aux femmes enceintes ainsi qu’aux acteurs de la santé locaux.
Le directeur de l’institut National de Santé Publique de Côte d’Ivoire, Dinard Kouassi, pharmacien de formation, est bien conscient des enjeux primordiaux de l’accès de la santé à l’ensemble de la population.
Les objets connectés peuvent être un formidable tremplin d’accès à la santé. Raison pour laquelle ce dernier s’est longuement entretenu avec la rédaction concernant la borne interactive réunissant différents objets et applications de santé, gratuite et libre d’accès.
Parmi les startups présentes, à noter la société Ellcie Healthy qui crée des lunettes connectées. Ces dernières permettent en autre de détecter le niveau d’endormissement, ce qui peut être extrêmement utile en conduisant. Elles ont aussi l’avantage de prévenir des chutes des personnes âgées. Le mode de fonctionnement est assez simple, puisque des petits capteurs calculateurs et une connectivité Bluetooth sont intégrés à une monture classique.
Les applications ont aussi de l’avenir
Retenons aussi, Lucine, une application permettant de gérer sa douleur. Elle a été créée par une jeune femme polypathologique. Elle souhaitait améliorer la situation des patients atteints de douleurs chroniques et des professionnels de santé pour qui la prise en charge de la douleur est loin d’être satisfaisante.
C’est la raison pour laquelle elle a lancé un projet permettant de soulager des millions de patients souffrant de douleurs chroniques et améliorer les conditions de travail des professionnels de santé.
L’application Lucine mesure le niveau de douleur du patient en analysant la mobilité de son visage, de son corps et la sémiotique de son langage. Puis, Lucine “va réaliser un soin adapté au patient (environnement, douleur, profil) : c’est l’application qui soulage directement le patient.”, selon la créatrice de ce projet.
Dans le domaine de la dépression le Dr. Laurent Zukervar, lui a créé Mental Apps, une application dédiée aux pathologies mentales, en particulier la dépression. Les applications mobiles permettent notamment d’opérer un suivi du patient entre deux consultations, chose difficile sans ce type de solution.
Le site de Mental Apps explique le concept : « Le patient va renseigner ces données quotidiennement, ou uniquement lorsqu’un événement impact son humeur ou son niveau d’anxiété. A la suite de quoi, il recevra des notifications pour garantir des données régulières et permettre un historique de son état mois après mois. Informations qu’il pourra partager avec son médecin. »
Cette solution a aussi l’avantage de développer l’observance, puisqu’il est possible de renseigner son traitement, par médicament et posologie et choisir les heures de prises. Ainsi, on peut avoir une parfaite corrélation entre chaque prise et les rapports de suivi du traitement.
Enfin, lorsque cela est nécessaire, Mental Apps apporte des conseils simples aux patients afin de les soulager au quotidien. Les situations d’urgence sont détectées par l’application avant d’être notifiées à l’entourage du patient qui peut agir afin de les traiter.
La chirurgie connectée, source de nouvelles prouesses médicales
Parmi les nombreuses startups concourantes au e-Health World Monaco, le grand gagnant est la société Tamanoir pour son innovation dans le secteur chirurgical. Celle-ci a créé une sonde chirurgicale connectée permettant, en temps réel, de dépister, par exemple, une fuite de liquide céphalo-rachidien, de contrôler la qualité de l’ablation d’une tumeur ou de réaliser un diagnostic tumoral ou d’anomalies tissulaires immédiatement « avec une spécificité et une sensibilité comparables aux méthodes diagnostiques les plus performantes et aux outils d’imagerie les plus coûteux. », comme l’explique la société.
Cette sonde va avoir 3 avantages majeurs :
1) un diagnostic en temps réel par le chirurgien et prises de décisions instantanées, 2) un faible coût, 3) un usage unique permettant d’éviter les problèmes de stérilisation.
Le e-Health Word Monaco 2017 a donc été un bon cru, dommage que les visiteurs aient été peu nombreux et gageons que cette manifestation ne devienne pas une confrérie d’experts de la e-santé, mais un véritable lieu de confluences d’univers connectés et non connectés. La santé connectée n’est pas gadget, mais apporte des réponses à de véritables horizons aux multiples promesses bien réelles.