Quelles sont les bonnes pratiques pour mettre un objet connecté en campagne de financement participatif ?
1re règle, il faut avoir un objet connecté ou un produit fini qui attire déjà l’attention d’un premier cercle de communauté. Quand on est connu ou inconnu, il faut avoir sa propre communauté. Par définition, lorsque l’on est inconnu, la communauté est plus réduite. Le premier cercle de cette communauté vient valider la crédibilité du projet. Cette communauté vient quantifier le montant que doit avoir l’objet et combien il doit recevoir en financements globaux. Par exemple, si l’on vise 10 000 euros de financement pour une communauté de 50 personnes, ça va être ambitieux. Il vaut mieux évaluer le meilleur ratio potentiel vis-à-vis de la communauté réelle que l’on a et réajuster ensuite pour toucher le deuxième (les “amis des amis”) puis le troisième cercle (“le village global”), que de surévaluer une campagne de financement participatif et ainsi rater le coche.
Il faut donc fixer un objectif en fonction de la taille de sa communauté pour aider la campagne à décoller, c’est la vraie clé.
Ensuite, on mène une collecte de fonds comme un a un job à plein temps. Aux États-Unis, des campagnes de RP font office de teaser pour donner une rampe de lancement à des collectes de fonds. Des dizaines de milliers d’euros peuvent être investis pour ces teasings.
Il faut communiquer donc avant, pour l’annonce, pendant (très intensément) et après, pour assurer le suivi. Quelque soit le projet, s’il y a une bonne organisation: un teasing réalisé, un community management bien géré, des démonstrations et des invitations à l’extérieur.
La collecte ralentit quand la personne qui s’en occupe ralentit sur sa démarche. La logique est la même sur le territoire nord-américain.
Il y a une différence de marché entre les objets connectés aux États-Unis et l’Europe. Il y a une plus grosse communauté techno-appétente aux États-Unis, mais le taux d’échec des campagnes est énorme. Très souvent, dans la catégorie de produits objets connectés, le travail n’est pas très bien fait, car les startups partent du principe que l’objet connecté se suffit à lui même.
Sur Kickstarter, les projets ne sont pas accompagnés contrairement à KissKiss. C’est une de leur valeur ajoutée forte. L’accompagnement prend la forme d’un partage des bonnes pratiques de campagne, un partage des contacts et du réseau. Le succès est le mode de rémunération; la structure a donc tout à gagner à faciliter le succès des financements.
Il est également important de débriefer la campagne. Il existe un taux d’échec important sur ces plates-formes. Se demander pourquoi est un travail utile pour la pérennité de la société.
À noter, le flux de projet est constant, mais connaît un creux en août.
Votre meilleur conseil, Vincent? “Être crédible!”
Adrien Aumont : responsable de l’équipe projet. Que constatez-vous sur les plateformes de crowdfunding ?
Nous constatons une grande vague avec vidéos très techniques alors qu’il faudrait créer de l’émotion, proposer un voyage à la communauté. Les Américains sont en avance, indéniablement. De plus, il s’agit de s’affranchir d’une certaine culpabilité par rapport à l’argent. Le message à passer n’est pas “aidez-moi”, mais “soyez des entrepreneurs, des pionniers”.
Une autre de nos forces est d’être ancré solidement sur le territoire, avec une équipe, ce qui n’est pas le cas de Kickstarter ou marginalement pour Indiegogo qui vient de recruter une personne en France.
Adrien Aumont : Est-ce que l’on peut vous solliciter dans une phase prototypage, mini-séries ou d’industrialisation ?
Il faut considérer que le crowdfunding a pris une place dans toutes ces étapes. On peut réussir sa campagne sur une promesse, mais le risque est, bien entendu, plus élevé du côté des investisseurs. Plusieurs projets, sur d’autres plateformes, ont mené à des déceptions comme celui qui a levé deux millions de dollars et qui n’a jamais été délivré.
Où trouver les “crowdfunders”, les “backers”, les investisseurs. Où sont ces gens ?
Il faut faire une cible fine de sa communauté : premier cercle (amis/famille), 2e cercle : early-adopters. On doit savoir où les trouver, c’est-à-dire identifier les canaux de communications privilégiés vers ces communautés plutôt grand public. Les médias traditionnels sont un canal, mais ils sont sur sollicités d’où la nécessité de produire une vidéo qui sort du lot pour avoir un début d’exposition.. 3e cercle : fans d’objets connectés ou de produits de niches. Notre travail est éminemment marketing._
- Quelles sont les premières questions à se poser dès lors que l’on met un produit sur le marché?
- Quel est mon marché?
- Combien de personnes pour quel effort?
- Quel taux de transformation et pour quel effort?
- Quels avantages compétitifs?
Une analyse marketing haut-niveau, avant même tout effort technique, permet de ne pas se tromper de combat. La stratégie avant la tactique.
Dans une campagne, quel est le rôle de la vidéo vs le texte ?
Créer un lien émotionnel fort! C’est l’émotion qui est le meilleur prescripteur. Il permettra de donner une vision ou de délivrer une promesse dans de bonnes circonstances. Je préfère un prototype d’un produit qui ne marche pas, mais qui sera un best-seller qu’un produit qui marche.
Comment définir le prix de vente ?
C’est un calcul assez maîtrisé maintenant entre les coûts et les marges. Même sur l’émergence de plateformes comme la nôtre. Mettre un prix trop élevé et vous resterez avec vos invendus, mettez le trop bas et vous n’aurez plus de cash pour avancer. Panne sèche.
Le prix est important. Il reflète une valeur. Les opérations blanches, c’est à dire qui ne dégagent ni déficit ni bénéfice sont encore trop importantes. Je suis tracassé par les levées de fonds réalisées aux USA dont une très grosse partie des revenus sont engloutis dans les opérations de comm’ entre vidéos, des agences RP et acquisition de trafic.
Mais opération inutile. Je ne donne pas de conseil dogmatique. L’usage répétitif des mêmes vidéos, même format qui a fait ses preuves. Dans les prochaines années, elles seront des publicités ces campagnes. Elles devront être encore plus créatives et singulières, mais c’est vrai que pour l’instant c’est toujours pareil en fait. Manque d’originalité. Je ne sais pas si le public en a encore conscience.