Alors que l'Epicenter, un centre Suédois, vient de proposer à ses employés de se faire greffer une puce RFID sous la peau pour leur servir de Pass, les inquiétudes et interrogations concernant la surveillance généralisée des citoyens par les objets connectés se font croissantes. Vers la fin de l'intimité ?
Un choix illusoire
Dans un monde ultra-connecté et dans lequel les gens sont prêts à sacrifier un peu de liberté en échange de plus de sécurité, la collecte de données et d'informations va bon train. Et la nouvelle arme, parfois involontaire des adeptes de la surveillance préventive, ce sont les objets connectés. Entre les mains des entreprises, voitures de fonctions et passes deviennent de véritables mouchards. Cette surveillance des travailleurs part toujours d'une bonne intention. L'entreprise américaine Appirio avait ainsi promu un programme de « bien-être » auprès de ses employés, en leur donnant des bracelets connectés mesurant leur activité physique. Le but ? Réduire les coûts de la mutuelle. Et selon la même entreprise qui déclare avoir ainsi économisé 5% sur ces frais de mutuelle (soit près de 300 000 dollars), c'est un succès. Elle n'est pas la seule : Yahoo, Google, eBay, Amazon ont fait de même.
Là ou la chose est « insidieuse », c'est dans son illusion de choix. Les employés peuvent choisir de recevoir ou non ces bracelets mais un refus catégorique peut inciter l'employeur à penser que cette personne a quelque chose à se reprocher. C'est d'ailleurs une accusation souvent lancée aux opposants à la généralisation des caméras de sécurité dans la rue. Au final, la base du volontariat est en fait une contrainte.
Surveillance publique
Le système de Pass électronique, qu'on doit utiliser chaque fois qu'on entre ou sort d'une entreprise, permet à l'employeur de mesurer exactement votre temps de pause déjeuner, la récurrence de vos sorties, vos allers et venues… Certains sont même équipés de capteurs pour connaître les interlocuteurs de l'employé voire même les sujets de discussion abordés. Seule l'imagination limite la surveillance. A Marseille, ce sont des balises GPS qui avait été intégrées sur certains véhicules, permettant de voir le temps passé par un employé sur le terrain.
Si en France, ces pratiques ne sont pas encore très implantées, elles sont de plus en plus répandues aux Etats-Unis. Au risque de mettre au ban ceux qui refusent cette surveillance, vus comme « pas assez loyaux ». Plus de la moitié des entreprises américaines de plus de 50 employés font appel à des « programmes de bien-être » permettant de tout savoir de l'employé.
Toutefois, la France n'est pas à l'abri de l'espionnage de ses employés, comme l'avait montré l'affaire Ikea il y a quelques années ou celle de Xerox France.
Scandales
Il n'y a pas besoin de remonter loin dans le temps pour trouver des démonstrations d'espionnage par les objets connectés. Que ce soit les aveux de Samsung sur les possibilités d'espionnage de sa Smart TV ou le capteur servant à « mesurer le bonheur de l'employé » d'Hachibi.
Mais le problème n'est pas uniquement le fait qu'il y ait chez les industriels ou les patrons l'envie ET les moyens d'espionner tout le monde, mais le fait que n'importe qui en soit capable. Il est possible de tout savoir sur vous, rien qu'avec les réseaux sociaux et même votre smartphone. Et à moins qu'une législation très stricte ne soit mise en place pour empêcher l'exploitation et le commerce massif des données personnelles d'absolument n'importe qui, cette surveillance sera accrue. Le plus hypocrite étant qu'elle soit toujours présentée comme étant bénéfique pour le citoyen. Etre enchaîné à cause de la multiplication d'objets devant nous apporter plus de liberté et de confort, plus qu'une ironie, une réalité. Bienvenue dans le siècle de Big Brother.
source: slate.fr
Crédits : José Luis Magana/AP/SIBA
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