Les systèmes de vidéosurveillance connectés se concentrent pour grande partie dans la maison. Fenotek propose une myriade de services à travers son produit Hi ), un interphone connecté qui vous prévient quand vos colis arrivent et surveille l’entrée de votre maison.
Située à quelques kilomètres d’Aix-en-Provence, la startup Fenotek a été créée en avril 2015. Son CEO Bruno Davoine est parti d’un constat simple : 63 % des commandes par Internet sont livrées entre 8 heures et 18 heures, alors que la plupart des personnes sont absentes de leur domicile. Autre constat, 90 % des cambrioleurs sonnent avant de passer à l’acte pour vérifier l’absence des propriétaires. De ces deux observations est née Hi), un visiophone connecté, un véritable condensé d’intelligence.
Avoir toujours un œil chez soi même quand on n’y est pas
Bruno Davoine est parti d’un constat qu’il a pu faire dans son quotidien. Alors qu’il était en vacances, il trouvait pénible de ne pas pouvoir gérer la livraison de ses colis, ce qui l’obligeait à aller les chercher à La Poste. Il a alors eu l’idée d’un interphone connecté qui communiquerait avec le smartphone du propriétaire pour lui indiquer le passage d’un livreur lors de son absence.
Au retour de ses vacances, il a eu la malchance de se faire cambrioler sa maison. Surpris par le début de l’enquête débutant par un relevé d’empreintes sur la sonnette, il a complété son concept avec une caméra qui communiquerait avec un smartphone pour voir qui sonnerait à la porte de son domicile et lui parler. Depuis l’idée a donné naissance à Hi) un visiophone d’un nouveau genre qui permet à tous les membres de la famille de rester connectés à leur foyer via un smartphone de n’importe où et n’importe quand.
Des fonctionnalités d’un nouveau genre
Hi) n’est pas un visiophone comme les autres. Certes, il est connecté, mais il se démarque par son design reconnaissable entre mille. Les trois associés ont fait appel à l’agence Joshfire pour concevoir ce form-factor si particulier.
De plus, il permet une « communication bidirectionnelle », d’entamer une conversation avec un visiteur et de le voir à travers l’œil de la caméra, tandis qu’il ne vous voit pas. A cela s’ajoute l’envoi de notifications sur le téléphone de l’utilisateur quand il détecte un mouvement dans son champ de vision.
La fonction de vidéo surveillance active la caméra à distance pour que l’utilisateur puisse constater si une personne indésirable « rôde » dans les parages et déclencher une alarme pour le faire fuir. Si un livreur sonne à la porte, il peut interagir avec lui et lui donner des instructions via l’application dédiée.
Pour les membres de la famille et les amis, des fonctionnalités de commandes à distance. Quatre membres de la famille peuvent enregistrer leur smartphone qui interagit grâce au iBeacon pour profiter des services de Hi).
Si Hi) est relié à une serrure électrique, l’utilisateur peut ouvrir sa porte sans être présent et contrôler l’éclairage et l’ouverture des volets. Un système de lecture de QR Code peut également donner un accès au domicile pour les visiteurs. Un outil qui pourrait être bien pratique pour les utilisateurs d’AIRBNB.
Un choix technologique déterminant
De plus, il embarque des technologies qui lui permettent de se démarquer face à la concurrence. La caméra, par exemple, se dote d’un capteur HD 720P avec un grand-angle de vision à 150 degrés et une vision infrarouge taillée pour la surveillance de nuit.
Couplé à un détecteur de mouvement, un carillon/alarme, un haut-parleur et un microphone, vous obtenez toutes les fonctions « basiques » de ce dispositif. La connexion peut se faire de deux manières : en WiFi avec le réseau domestique ou via une carte à puce 3G+. Et l’intelligence dans tout ça ? « Elle se trouve dans le logiciel embarqué » déclare Bruno Davoine.
Pour observer les visiteurs, par exemple, le flux streaming fonctionne avec un standard établi par le W3C : le Web Real Time Communication. Le WebRtC est standard sur Internet, il n’y a pas besoin de passer par des solutions propriétaires.
De plus, il est plus sécurisé et moins compliqué à mettre en place pour les développeurs. De même, les fonctionnalités de reconnaissance de mouvement sont rendues possible par des API mises à disposition par la communauté de développeurs Android. Contrairement à la plupart des concepteurs qui développent sous Linux, l’équipe de Fenotek a fait le choix d’un firmware Android. Bruno Davoine déclare :
« Nous avions besoin de puissance, d’un capteur et suffisamment de mémoire vive pour faire fonctionner le système vidéo de Hi). La communauté de développeurs sur cette plateforme est d’une grande aide puisqu’elle permet d’intégrer très rapidement des fonctionnalités avancées comme la reconnaissance de mouvement par exemple ».
Une organisation digne d’une grande entreprise
Grâce à son expérience dans de grandes entreprises, Bruno Davoine a beaucoup travaillé la partie organisationnelle de son projet. En partant de l’usage pratique, il a établi avec ses associés Didier Elbaz et Olivier Ros quatre pages de fonctionnalités avant de consulter l’agence Joshfire. « Pendant trois mois nous avons travaillé avec Joshfire pour mettre en place un cahier des charges. Pour finir, nous avions 400 pages concernant les fonctionnalités, le design et la technique » affirme le CEO.
En avril 2015, il décide d’un planning serré. Ainsi Hi) devait être présentable dans sa version prototype au CES 2016 à Las Vegas en janvier. Un défi que l’équipe a relevé haut la main. Ce premier contact avec les professionnels et le public a permis d’obtenir un premier retour du marché. « Les premiers feedbacks furent très positifs. Nous avons pris en compte les remarques pertinentes des visiteurs pour faire les changements notamment ergonomiques et les intégrer dans la version commerciale » selon Bruno Davoine.
Pour cela Fenotek n’a pas hésité a faire appel à des conseillers et déléguer une partie de la conception de Hi) pour accélérer le prototypage et à terme la fabrication de masse.
L’avenir, la commercialisation…
Fenotek vise d’abord le grand public avec un produit au design et aux fonctionnalités attractives, qui répondent à de vrais besoins. « Nous voulons tout d’abord établir la marque auprès des grandes enseignes : Fnac, Darty, Castorama, mais aussi Orange, Lick, etc. » déclare le CEO. « Nous avons l’avantage d’avoir un produit intuitif et performant. Le temps de latence entre le moment où vous démarrez le streaming vidéo n’est que de 4 secondes contre près de 20 secondes chez nos concurrents ».
La société et ses dirigeants prévoient également de s’adresser aux professions libérales (infirmières, médecins, etc) qui sont souvent en déplacement. Les clients professionnels peuvent être également les promoteurs de résidences, les assurances et les hôtels. Finalement, tout endroit où la surveillance d’une porte et la gestion d’un contrôle d’accès est de rigueur. En tout cas l’objectif commercial est clair : 2 000 à 3 000 Hi) vendus en 2016 et 10 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 3 ans.
…Mais d’abord réussir la campagne IndieGogo !
En effet, avant de lancer ce produit sur le marché et toucher les marchés français, européens et américains, il faut pouvoir convaincre le public et les investisseurs. Quoi de mieux qu’une campagne de financement participatif. Fenotek a choisi IndieGogo.
Un pari bien engagé puisque l’objectif de la campagne est pratiquement atteint avec près de 37 000 dollars sur les 50 000 dollars réclamés. Les contributeurs peuvent soutenir le projet Hi) et recevoir à partir de 279 dollars, l’équivalent en euros, l’édition contributeur du majordome connecté.
Le financement sur IndieGogo se terminera le 30 juin. Si tout se passe bien, la fabrication commencera en juillet prochain et l’expédition se fera en octobre 2016. Une belle aventure que vous pouvez soutenir en vous rendant sur la page du crowdfunding.
La clé c’est d’avoir été très clair sur les étapes à passer et d’avoir planifié ces étapes dans le temps. Par exemple, nous avons déjà la date de livraison de la partie software, j’appelle tous les deux jours notre responsable technique pour savoir si le planning sera respecté ou non. Cette organisation est très importante pour mener à bien le projet.
Les choix techniques sont compliqués. J’ai beau être un ingénieur, je ne prétends pas tout savoir et en commençant l’aventure Fenotek, la partie technique était un peu théorique. Olivier Ros, le CTO a finalement réussi à me convaincre sur l’intérêt de ne pas faire comme tout le monde à ce niveau et ainsi en faire une force pour le produit.
Bien capitaliser au départ. Deuxième aspect, ne pas faire l’impasse sur les consultants. Il ne faut pas hésiter à dépenser de l’argent plutôt que de s’en passer et rester dans le doute. On ne détient pas toutes les clés. Enfin, il faut former une équipe diversifiée avec des profils différents des vôtres et complémentaires. Cela permet de faire émerger des idées auxquels vous n’auriez pas imaginé possible.
Evidemment, il faut trouver des fonds, mais il ne faut pas oublier dans la conception de partir de l’usage pour avoir les moyens de faire évoluer le marché. C’est important pour convaincre le public et les investisseurs.
Il ne faut pas commencer avec 1000 euros en poche. Avec les fondateurs, nous avons commencé avec 250 000 euros, des fonds propres. Puis nous avons suivi les étapes classiques : faire appel à nos familles et amis, solliciter un prêt à la BPI, lancer une campagne participative et enfin faire une levée de fonds institutionnelle pour boucler la phase d’industrialisation. Il faut suivre ces étapes, c’est comme ça que ça marche.