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Montre connectée : les start-ups au secours des grands groupes

Alpha, la montre connectée de Hyetis Technologies
Alpha, la montre connectée de Hyetis Technologies

Les temps changent vite, très vite. L'innovation n'est plus le monopole des départements R&D des multinationales. Cas de l'horlogerie traditionnelle suisse et d'une start-up dont la  reconcilie le patrimonial avec la loi de Moore.

Les temps changent vite, très vite. L'innovation n'est plus le monopole des départements R&D des multinationales. Les empires et leurs places fortes sont toutes tombés. Autrefois centres de leur monde, Rome, Bagdad, Constantinople ou Cuzco ne font plus, aujourd'hui, que quelques pages dans les manuels  d'histoire. En termes industriels, la logique est la même. Alcatel, Bell ou Kodak un temps phares de leur secteur sont aujourd'hui éteints de n'avoir pas su se renouveler. Anne, sœur Anne, ne vois-tu pas venir ces start-ups, barbares de la nouvelle ère numérique ?

 « Il faut prendre l'histoire par la main avant qu'elle ne vous prenne par la gorge ». Winston Churchill.

En route vers une transition connectée

Alors que l'institut français des administrateurs a récemment ouvert un chapitre « transformation digitale », alors que le MEDEF accompagne le tissu industriel vers une nécessaire transition connectée, on pourrait penser les éminents membres des boards de nos empires industriels dans une urgence. La réponse se doit d'être nuancée.

En effet, nous sommes tous abreuvés de « meet up », de « garage » et autres « journée de l'innovation ». Tous se parent des attraits de l' en mouvement. Sauf que, dans les faits, peu de programmes auront pour finalité d'instaurer les ingrédients d'une innovation réussie : hiérarchie à plat, frugalité, Agilité parfois extrême. L'innovation rime avec révolution et tout le monde n'en a pas le « mindset ». Dont acte, l'innovation restera pour la majorité de nos grands groupes, une centre de coût mis sous l'étouffoir dont le salut ne viendra que de l'hypothétique prise de conscience d'un exécutif avisé, leader et chef de bataille. Il existe une autre voie, loin des autoroutes du management. Les start-ups agiles et frugales, celles qui se font mal au quotidien pour matérialiser une vision dont manquent cruellement les « corporations ».

L'horlogerie suisse et la montre connectée

L'industrie horlogère suisse est peut-être un des cas les plus emblématiques du moment. Née dans les montagnes suisses et françaises où durant les mois d'hivers, les éleveurs occupaient leur temps en complications horlogères. Ce vertical séculaire s'est inclus, au fil des décennies, dans celui du luxe dont on clamait, voilà encore quelques temps, qu'il était une valeur refuge au-delà des crises. Or, les nouveaux barbares sont déjà là. Californiens ou coréens, ils occupent déjà les positions stratégiques et les dégâts sont quantifiables : -30% de part de marché sur l'année 2015 pour les marques traditionnelles. Le « made in Switzerland » ne fait plus vendre comme avant. Il y a le feu au lac…

Cette vision est aujourd'hui portée par des entrepreneurs d'un nouveau type. Hyetis Technologies, fondée par Arny Kapshitzer, est une des très rares entreprises à porter un produit et une technologie conciliant la sophistication horlogère et la magie logicielle, quadrature du cercle entre le patrimonial et la loi de Moore.

Arny Kapshitzer, fondateur de Hyetis Technologies et créateur de la montre Alpha
Arny Kapshitzer, fondateur de Hyetis Technologies et créateur de la montre Alpha

« Je travaille dans cette depuis la fin des années 1990. C'est un milieu que je connais très bien et que je respecte infiniment. Ils portent des valeurs exceptionnelles d'intelligence, de raffinement et de sophistication. Mais leur temps n'est pas celui de la brutalité de l'innovation, – affirme Arny. – En quelques petites années, nous voyons arriver des entreprises qui renouvellent entièrement des verticaux, y compris dans le hardware et plus seulement dans le logiciel. est un nouveau Gengis Kahn, conquérant véloce et visionnaire. Là où il passera, rien ne repoussera ».

« Hyetis peut être compris de deux façons. L'une est une trajectoire B2C où s'inscrivent nos produits en propre comme notre montre Alpha, en cours de finalisation. L'autre est un savoir-faire mis à disposition des marques établies en marque blanche. Elles ont des lignes de productions remarquables, mais l'électronique et le logicielle n'est pas dans leur ADN. Elles ont maintenant 4 ans de retard sur le , un gouffre à l'échelle de notre temps, un gouffre que nous comblons avec elles. En quelques mois, nous sommes capables de sortir une gamme de montres et bijoux connectés », – déclare l'entrepreneur suisse.

« Il faut leur rendre hommage. Le travail que nous menons avec eux n'est pas un aveu de faiblesse, mais bel et bien la compréhension de l'urgence et le courage de vouloir se renouveler en allant chercher les compétences hors des murs de la cité. Alors que le pole magnétique de l'horlogerie se déplaçait rapidement vers San Francisco, nous le repositionnons en direction de nos belles montagnes ».

« En quelques mois, nous sommes capables de sortir une gamme de montres et bijoux connectés. » Arny Kapshitzer

Le mouvement et la complication

Aucune précision sur les marques avec lesquelles travaille Hyetis Technologies, comme d'autres start-ups, discrétion suisse oblige, mais il est notable que l'industrie horlogère évolue. Déjà Tag Heuer s'est renouvelée sous l'impulsion de Jean-Claude Biver et ce mouvement s'est révélé pertinent quand, quelques mois plus tard, sortait sa smartwatch Gear S3 Classic dessinée par un designer helvète.  s'est également attaché les services de plusieurs exécutifs du luxe français pour s'en approprier les codes.

Le danger est effectivement là : croire qu'Apple et Samsung ne monteront pas en gamme. C'est une lutte à mort qui se joue ici où, dans le meilleur des cas, ces gros achèteront une des marques établies ou leur capteront la valeur en y installant leur OS.

Les temps changent vite, très vite. Rendez-vous à Bâle en mars 2017 pour découvrir les nouveaux champions de l'horlogerie.

Bernard Arnault, PDG de LVMH, et Jean-Claude Biver, CEO de Tag Heuer
Bernard Arnault, PDG de LVMH, et Jean-Claude Biver, CEO de Tag Heuer

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