Le 11 février 2015, la start-up Sigfox annonçait lors d'une conférence de presse une levée de fonds de 100 millions d'euros. La troisième en deux ans, pour un montant record cette fois. Créé en 2009 par Christophe Fourtet et Ludovic Le Moan, Sigfox affiche un portefeuille bien rempli, une levée de fonds sur-souscrite et des rêves de Terre, Mer, Espace…et une entrée en bourse pour 2016.
Les flashs crépitent. Face à un parterre de journalistes, investisseurs et collaborateurs, Anne Lauvergeon, autrefois Grande-Manitou dans l'organisation de sommets internationaux auprès de François Miterrand, mais également présidente d'Areva pendant dix ans et aujourd'hui présidente du Conseil d'Administration de Sigfox, et Ludovic Le Moan, co-fondateur de Sigfox, pas peu fier de la réussite de sa start-up.
Pour quelle annonce ? Pas moins de 100 millions d'euros en levée de fonds pour la start-up Sigfox, après seulement quatre ans d'existence, et de nouveaux actionnaires au capital à la clé. Des opérateurs télécom internationaux tels que Telefonica (Espagne), SK Telecom (Corée du Sud) et NTT Docomo Ventures (Japon), un nouveau partenaire financier, Elliot Management Corporation (USA), et des partenaires industriels (GDF Suez, Air Liquide et Eutelsat).
Une levée de fonds sursouscrite
Après un premier tour de table à 81 millions d'euros et une réserve de surallocation de 19 millions d'euros, Sigfox met un « stop » comme le précise Anne Lauvergeon, tandis que 130 millions d'euros ne demandaient qu'à être mis sur la table par les acteurs. Mais Sigfox ne souhaite pas fragmenter davantage un capital déjà éclaté, parmi les collaborateurs de Sigfox, tous actionnaires, mais aussi les industriels, les opérateurs télécom, ou autres sympathisants. Un capital qui n'aurait pas d'actionnaire majoritaire, comme le précise Anne Lauvergeon. Le but : libérer de l'espace pour intégrer de nouveaux partenariats progressivement.
Comment Sigfox a opéré son opération séduction ? Ludovic Le Moan précise lors de la conférence de presse « qu'arriver à vendre des produits sur des systèmes pas déployés est une prouesse. » Sigfox a présenté son portefeuille de clients aux investisseurs, qui ont pour certains renouvelé leur confiance envers le leader mondial, comme Intel, déjà présent au capital depuis le début. Et d'autres se sont ajoutés.
Une conquête terrestre, puis marine, spatiale…et boursière
La start-up Sigfox est un opérateur de réseaux cellulaires dédié à l'Internet des Objets et à la communication Machine to Machine (M2M). Comme l'indique Ludovic Le Moan, l'intérêt de Sigfox, ce n'est pas de faire la course au haut-débit, mais plutôt de continuer à déployer ses antennes (1500 antennes à venir sur le territoire français). Sigfox s'intéresse également à la 5G, dans son extension de services, plus que dans du haut-débit « encore plus haut-débit », c'est-à-dire en rationalisant les usages et en allant vers une consommation plus économique.
Et Anne Lauvergeon d'ajouter que la conquête spatiale a déjà commencé pour Sigfox avec le test via Spot 7, le dernier satellite envoyé par Astrium dans l'espace : « Grâce à des émetteurs, et le satellite Spot 7, on a pu prouver que ça marchait aussi. Les signaux envoyés sur Spot 7 ont été reçus sur différentes bases françaises et espagnoles. »
En attendant, sur Terre, Ludovic Le Moan affirme, pour appuyer la compétence des « tuyaux » de Sigfox qu'un record a été battu. Ainsi, grâce à des « transceiver« , des composants déjà installés sur les voitures pour l'ouverture des portes à distance grâce à un signal radio, la distance maximale observée sans affaiblissement du signal était de 10 à 15 kilomètres d'éloignement. « Personne n'a de technologie qui supporte ces composants du commerce. » Pour 2016, Sigfox envisage son introduction en bourse.
Et sur mer…
La conquête des Etats-Unis
La start-up Sigfox s'est fixé un objectif précis pour 2015 : s'installer durablement aux Etats-Unis, en commençant par la Californie. Les autorisations sont prises avec le département des télécoms américains pour déployer le réseau au Canada et aux USA. La nécessité immédiate, recruter massivement, et c'est ce que fait Sigfox chaque jour depuis des mois, selon Ludovic Le Moan, mais également bien choisir ses futurs partenaires.
[blockquote style= »2″]Avec notre modèle économique, le Sigfox Network Operator, on choisit un partenaire parmi les meilleurs dans chaque pays. On veut passer rapidement au milliard d'objets connectés couverts par notre réseau. On va utiliser une partie de notre capital pour agrandir les équipes commerciales, et en terme technologique on va s'arrêter là. (…) On a des enjeux pour se passer de batteries demain, c'est le Graal de l'IOT. Imaginez un objet qui va se nourrir d'ondes électromagnétiques, de chaleur…on utilise aujourd'hui des énergies faibles en miliwatts, demain en microwatts. Pour Sigfox c'est ça qui est important. Ludovic Le Moan, Co-Fondateur de Sigfox[/blockquote]
Sigfox compte s'atteler dans les dix-huit mois prochains à consolider l'image de son entreprise, mais également conquérir jusqu'à une quarantaine de pays, progressivement. « En Espagne, on a mis douze mois pour s'intégrer. On a un pied assez significatif en Asie. Il faut qu'on trouve des pistes pour l'Afrique et le Moyen-Orient, car les enjeux de technologie basse consommation à très bas coûts proposés par Sigfox peuvent faire sens dans les pays d'Afrique. »
Vers une couverture massive pour l'extension de l'IoT dans le monde
Fer de lance de Sigfox depuis sa création, l'Internet des Objets et les nouveaux usages générés intéressent toujours le leader mondial. Déjà positionnés sur de nombreux secteurs, comme la télé-relève des compteurs d'eau, ils s'intéressent également à la sécurité à domicile, notamment en matière de domotique et de sécurité incendie avec la récente législation française sur les détecteurs de fumée.
Une sempiternelle question de sécurité pour l'IoT, qui concerne de plus en plus d'usagers à travers le monde. Bientôt, Sigfox pourra prouver (ou pas) qu'elle est à la hauteur de ses ambitions. D'ici là, les opérateurs français ont tout à faire pour ne pas être « dévorés » par l'ambitieux leader.
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