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Darwin, Australie : une vision dystopique de la Smart City

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À Darwin, en Australie, les technologies Smart City permettent aux autorités de mieux surveiller et contrôler la population. Une preuve, s'il en fallait une, que la peut être aussi bien néfaste que bénéfique selon la volonté des dirigeants…

Les technologies de la Smart City offrent de nombreuses possibilités. Pour Toyota et sa Woven City au Japon, ou pour la Malaisie et sa Forest City, c'est une opportunité de créer des villes plus saines, plus respectueuses de l'environnement.

Pour d'autres, cependant, il peut aussi s'agir d'une chance de renforcer le contrôle et la surveillance des habitants. C'est ce dont est accusée la ville de Darwin en Australie, capitale de l'État du Northern Territory au bord de la mer de Timor.

Dans le cadre du projet  » Switching on Darwin « , d'un budget de 10 millions de dollars, le Darwin City Council a récemment installé un de plusieurs centaines d'appareils au centre-ville. Grâce à ces éclairages connectés, à ces capteurs environnementaux et à ces caméras vidéo, le conseil municipal est en mesure de mieux surveiller et gérer la ville… et ses résidents.

Selon les responsables, l'objectif du projet est  » d'encourager les solutions innovantes et d'améliorer la vie de la communauté grâce aux technologies intelligentes « . Cependant, tout le monde ne l'entend pas de cette oreille.

Pour de nombreux journalistes et associations, cette initiative de surveillance intensifiée représente une menace pour la vie privée des Darwinians de par son ampleur et son déploiement rapide.

Parmi les principales critiques émises à l'égard du programme Switching on Darwin, on compte l'utilisation possible de la reconnaissance faciale avec l'implication potentielle du géant chinois Huawei. Rappelons que la firme asiatique est soupçonnée d'espionnage par les États-Unis, qui l'ont tout simplement banni sur leur territoire.

Le projet  » Switching on Darwin « , continuité moderne de l'urbanisme colonial australien ?

https://youtu.be/qTUw-c0mVXE

Selon les sociologues Gavin Smith et Pat O'Malley, ces nouvelles mesures de surveillance digitale représentent en outre une menace particulièrement élevée pour les groupes déjà marginalisés. Les membres des communautés Arborigène et Torres Strait Islander, déjà pris pour cible, fréquemment criminalisés et incarcérés sont les plus impactés.

D'ailleurs, ce programme s'inscrit dans la continuité du projet de développement du nord de l'Australie du gouvernement fédéral. Or, ce projet a été critiqué pour son manque de prise en compte des Indigènes traditionnellement considérés comme les propriétaires de cette partie du territoire.

Cependant, le maire de Darwin qualifie ces critiques de  » théories du complot « . Par ailleurs, il répond aux personnes inquiètes pour leur vie privée en leur disant de  » ne pas obtenir le permis de conduire, se débarrasser de leurs cartes de crédit, et se désinscrire de Facebook « .

Pour les réfractaires à ce projet, Darwin ne s'apprête pas à devenir une Smart City, mais une  » captured city «  (ville capturée). Et ce phénomène inquiétant pourrait s'étendre aux autres grandes villes australiennes à l'heure où des technologies similaires sont déployées dans tout le pays pour renforcer le contrôle.

Par exemple, la Police de Sydney pourrait être autorisée à arrêter les personnes qu'elles soupçonnent de commettre des crimes dans le futur. De son côté, Brisbane cherche à mettre en place des mesures de  » prévention du crime via le design environnemental « . À Perth, des systèmes de reconnaissance faciale sont également déployés…

Ainsi, sous couvert de technologies de pointe faisant office de bel écrin, beaucoup considèrent la vision australienne de la Smart City comme la continuité d'un urbanisme colonial ancré dans l'histoire du pays…

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