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Micromobilité : tout savoir sur les modes de transport urbains du futur

La révolution de la micromobilité est en plein essor. Les villes étant pressées de résoudre les problèmes de circulation et d’embouteillages, cette forme de transport apparaît comme une puissante alternative. Comment les vélos et les trottinettes bouleversent-ils les transports urbains dans le monde ?

Ces dernières années, des sommes importantes ont été investies dans le marché de la micromobilité. Aujourd’hui, la question qui se pose est la suivante : est-ce que cette solution changera-t-elle le transport tel que nous le connaissons ? Où le buzz entourant ce type de déplacement partagé est-il en train de dépasser son potentiel dans le monde réel ? Cet article passe en revue ce que signifie exactement la micromobilité et examine l’état actuel des choses de l’industrie et sa direction.

Qu’est-ce que la micromobilité ?

Le terme « micromobilité » a été inventé par Horace Dediu. Il l’a évoqué dans son discours en 2017 lors du sommet de la micromobilité dans le cadre du Tech Festival de Copenhague.

Ce concept est souvent utilisé pour décrire des solutions de déplacement pour de courtes distances, généralement le premier ou le dernier kilomètre d’un voyage. Le poids brut d’un véhicule ne doit pas dépasser 500 kilos pour pouvoir être inclus dans la catégorie. 

Une autre caractéristique clé de certains systèmes de micromobilité est un modèle d’utilisation partagée. Certains services de covoiturage se servent de stations d’accueil pour déposer et récupérer les vélos. Tandis que d’autres ont recours à des applications smartphones pour offrir une option sans station d’accueil.

Dans quels domaines la micromobilité est-elle utilisée ?

Les villes évoluent à une vitesse fulgurante en raison des changements démographiques et de la croissance globale de la population. Chaque semaine, quelque 1,3 million de personnes se déplacent vers les villes du monde entier. D’ici 2030, les « mégalopoles », c’est-à-dire les zones urbaines de plus de 10 millions d’habitants, vont passer de 31 à 43 environs. Dans dix ans, environ 65 % de la population devrait vivre dans des villes.

Avec l’urbanisation croissante et les nombreuses villes déjà confrontées à des niveaux de pollution dangereux et à des rues encombrées, la micromobilité résout une poignée de problèmes. Les services de micromobilité permettent de réduire le nombre de voitures en circulation, de diminuer l’empreinte écologique. Ils offrent aussi des moyens de transport pratiques pour de courts trajets, tout en étant rentables.

La micromobilité est la solution au problème du dernier et du premier kilomètre, autrement dit l’espace entre la gare et la maison. C’est un système de transport entre les bus ou toute distance trop proche pour conduire, mais trop loin pour marcher.

Quels sont les moteurs de la croissance rapide du marché de la micromobilité ?

Deux circonstances sont à l’origine de la croissance rapide de la micromobilité. 

Premièrement, la plupart des lancements de ce marché ont lieu dans des environnements favorables. Les consommateurs urbains utilisent des solutions de mobilité commune depuis un certain temps déjà. 

Deuxièmement, les aspects économiques liés à cette forme de transport sont largement favorables aux acteurs du secteur. Il est à bien des égards plus facile pour les entreprises d’accroître leurs actifs de micromobilité que les systèmes de covoiturage. Alors que des milliers de dollars sont souvent nécessaires pour acheter une voiture, le coût d’acquisition actuel d’une trottinette électrique est d’environ 400 euros.

Les enjeux dans le domaine de la micromobilité

Bien que la croissance de la micromobilité dans le monde connaisse une évolution exceptionnelle ces derniers temps, de nombreux obstacles entravent encore son adoption complète. Les défis auxquels son marché est confronté comprennent :

  • les infrastructures limitées,
  • les mauvaises conditions météorologiques, 
  • le manque de réglementation, 
  • les interdictions dans les villes, 
  • la santé du matériel et le vandalisme.

Infrastructures urbaines limitées

Les infrastructures limitées sont l’une des principales raisons pour lesquelles la micromobilité n’a pas encore pris son essor dans plusieurs pays comme en Afrique. Si une ville ne dispose pas d’une infrastructure appropriée, telle qu’un nombre suffisant de pistes cyclables, l’adoption de vélos et de trottinettes communs devient difficile. Ce système peut être très dangereux pour les consommateurs et le public. 

Difficulté à faire des bénéfices

De nombreuses entreprises de micromobilité ont récolté des millions de dollars auprès d’investisseurs. Toutefois, beaucoup d’entre elles luttent encore pour atteindre une rentabilité durable.

C’est le cas de la société chinoise de vélos libre-service Ofo. En 2017, elle comptait plus de 62,7 millions d’utilisateurs actifs par mois. Au début de 2018, elle a reçu un investissement de 2,7 milliards de dollars. Quelques mois plus tard, cette entreprise a déclaré faillite pour des raisons de trésorerie. Elle s’est ensuite retirée de plusieurs pays, dont l’Allemagne où elle était présente avec 3 000 vélos à Berlin pendant seulement trois mois. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une petite partie de l’entreprise.

Le manque de réglementation adéquat à la micromobilité

Les vélos et les trottinettes sans quai sont des concepts très novateurs. Ainsi, la plupart des villes n’ont pas de réglementation appropriée sur la manière dont ces programmes sont autorisés à fonctionner. Par conséquent, les autorités doivent faire face à leur apparition soudaine dans leurs villes.

En Chine, le gouvernement a créé de nouvelles réglementations pour aider à contrôler le marché émergent de la micromobilité. Par exemple, les personnes qui laissent des vélos en libre-service en dehors des zones autorisées peuvent désormais se voir infliger une amende.

À Paris et au Royaume-Uni, les trottinettes électriques sont interdites sur les trottoirs par mesure de précaution pour éviter les collisions entre les trottinettes et les piétons. Barcelone a pris une initiative supplémentaire en interdisant complètement ses utilisations.

Heureusement, ces lois peuvent être modifiées à mesure que les entreprises collaborent avec les villes pour mieux intégrer les systèmes de micromobilité dans la vie urbaine. Cependant, dans l’ensemble, les règlements peuvent être bénéfiques pour les sociétés comme pour les start-ups, car ils empêchent les entreprises de se développer rapidement de manière non durable.

Le vandalisme : un obstacle majeur pour les entreprises de micromobilité. 

Le vandalisme et le vol constituent un obstacle important pour de nombreuses compagnies de micromobilité. Par exemple, Gobée.bike, un service de vélos en libre-service sans quai, a dû abandonner complètement ses efforts en France en février 2018. En effet, il a vu des milliers de leurs vélos endommagés ou volés. Pour la même raison, elle avait déjà cessé ses services à Bruxelles au début de l’année.

80 % des vélos du programme de vélos en libre-service Velib de Paris auraient été dérobés ou endommagés. Bird était également en proie à des vols à Mexico et au Chili, causant des milliers de dollars de pertes par jour.

Ce n’est pas tout, les coûts liés à la courte durée de vie des véhicules utilisés peuvent affecter durement les sociétés de toutes tailles. Lime a déclaré que ses trottinettes électriques ne durent généralement qu’un à deux mois avant de devoir être remplacées. Un ensemble de données publié par Bird a révélé que la durée de vie moyenne était de 28,8 jours.

Dans un effort pour augmenter leur durée de vie, Bird est passé à un modèle « Bird Zero » plus durable en 2018, avec des pneus à noyau solide. 

Autres obstacles liés aux développements de la micromobilité

Qualité matérielle

La concurrence féroce entre les start-ups de micromobilité a entraîné les acteurs du marché à produire rapidement d’énormes volumes de véhicules sans se soucier de leur qualité.

Les entreprises ne disposent pas souvent de la main-d’œuvre nécessaire pour réparer les vélos en temps voulu. Ce qui pousse les utilisateurs à tester plusieurs modèles avant d’en trouver celui qui fonctionne correctement. Cette situation peut finir par nuire à la perception du secteur auprès du public.

Des conditions météorologiques difficiles

Que ce soit sous la pluie battante ou sur les routes verglacées, qui veut faire de l’e-trottinette ? Les accidents explosent dans ces conditions. Pour les villes au climat plus rude, comme celles du nord de l’Europe, l’adoption de vélos et de trottinettes partagés n’est pas aussi viable.

De nombreuses compagnies de vélos et de trottinettes en libre-service ont fait des efforts pour rendre la conduite plus sûre et plus confortable en cas de mauvais temps. La société Skip, par exemple, a donné des gants et des chapeaux d’hiver de marque à ses utilisateurs à Washington. Malgré leurs efforts, il est pratiquement impossible pour les entreprises de micromobilité d’éviter de perdre de précieux bénéfices lorsque les conditions météorologiques sont trop rigoureuses.

Micromobilité : importance et évolution sur le marché du transport urbain

Depuis 2010, la population a effectué 207 millions de déplacements à vélo et en trottinettes électriques à usage collectif. En 2018, sur les 84 millions de déplacements en micromobilité effectués, 38,5 millions l’ont été en trottinette. Les trajets en vélo en station ont représenté 36,5 millions de trajets, soit une augmentation de 9 % par rapport à 2017. Par rapport à l’année précédente, plus de deux fois plus de voyages ont été effectués en micromobilité.

Environ 60 % des parcours en voiture dans l’Union européenne, en Chine et aux États-Unis ont une distance inférieure à huit kilomètres. En principe, la micromobilité englobe tous ces itinéraires.

En 2015, les parties prenantes ont investi plus de 5,7 milliards de dollars dans des start-ups de micromobilité, dont plus de 85 % en Chine. Il est estimé que ce type de transport urbain peut représenter entre 8 et 15 % de son marché théorique. D’ici 2030, sa valeur peut atteindre jusqu’à 300 milliards de dollars aux États-Unis. Tandis qu’en Europe, cette dernière est de 150 milliards de dollars contre 50 milliards de dollars en Chine. 

Pour mettre les choses en perspective, cela équivaut à environ un quart du marché mondial en matière de conduite autonome, qui est évalué à environ 1 600 milliards de dollars.

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